Promenade solitaire

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Etant donné qu'aujourd'hui c'était samedi, Troy se promenait dans les couloirs du château. Il avait fini de corriger les copies de ses élèves et pouvait désormais faire ce qu'il voulait. Il avait tout son week-end de libre ce qui le laissait d'autant plus de bonne humeur.
Le professeur traversa plusieurs couloirs en rencontrant quelques élèves qui le saluèrent au passage puis se retrouva devant un escalier pivotant parmi tant d'autres. Une jeune fille lisait un livre, assise sur l'une des marches. Troy l'avait eu en cours et il la trouvait très discrète. Elle ne participait pas beaucoup mais elle avait l'air d'être très gentille et ce n'était pas pour autant qu'elle avait de bonnes notes. (je fais comme si ^^ sauf si ça te dérange)
Le professeur la rejoignit et s'appuya contre la rambarde de l'escalier avant de dire :

- Bonjour Miss Davidson.

Il y a maintenant plusieurs minutes que Lola lisait son livre dans les escaliers. Rien autour d'elle ne lui avait fait lever le nez de son livre. Plusieurs élèves avaient passés à côté d'elle en riant mais elle avait continué à lire. Elle faisait des découvertes intéressantes. Elle avait hâte d'étudier la matière. Cela serait sûrement sa matière préférée.
Pendant les vacances, Lola ne lisait pas vraiment. Elle jouait plus souvent au soccer avec Anthony. Mais ses pensées devinrent soudainement embuées quand une voix se fit entendre.

- Bonjour Miss Davidson.

Lola sursauta et son livre tomba par terre. La jeune fille releva la tête puis remarqua que c’était le professeur de Défense Contre les Forces du Mal qui lui avait parlé. Elle ramassa son livre puis lui répondit :

- Bonjour professeur, vous aussi vous vous promenez dans le château aujourd’hui ?

- J'aime beaucoup cet endroit alors j'en profite, répondit-il.

Il observa la jeune fille puis son livre et ajouta :

- Les créatures magiques ? C'est votre matière préférée ?

Le professeur regarda son livre puis lui demanda :

- Les créatures magiques ? C'est votre matière préférée ?

- Oui, j'adore ces créatures qui ont un passé magique. Elles sont tellement intéressantes.

Lola baissa les yeux un court instant. Elle était gênée de parler avec le professeur Carter. Elle ignorait pourquoi mais elle l'était. Elle le regarda et demanda :

- Je ne voudrai pas que cela paraisse personnel mais depuis combien de temps enseignez-vous ici ?

Troy sourit et s'installa à côté de Lola.

- Depuis seulement cette année, je suis nouveau, répondit-il en regardant en face de lui. Vous vous êtes ici depuis votre première année ?

Il était donc un nouveau professeur, Lola l'ignorait. Elle savait peu de choses sur Poudlard. C'était sa première année et elle était un peu perdue de temps à autre. Monsieur Carter était maintenant assis à côté d'elle.

- Oui, je suis en première année, dit Lola.

Elle n'ajouta rien d'autre. Elle n'était pas très bavarde.

Troy observait la jeune fille, un léger sourire éclairant son visage.

- Vous savez, dit-il au bout d'un court instant. Je rencontre souvent des élèves qui savent me montrer de quoi ils sont capables dans la matière que j'enseigne. Mais voyez-vous, ils sont presque tous obstinés à l'idée de devenir plus forts que tout le monde. Ils sont tous excités, ce qui est plutôt du genre des première années. Mais vous, vous êtes discrète.

Il répondit au salut d'un élève qui passait à côté d'eux et continua.

- Bien sûr, vous n'êtes pas la seule. Dans le genre discret, vous arrivez en seconde place.

Troy pensait à Dante, même s'il était en dernière année mais c'était un cas à part.

- Pour ce qui est de vos résultats, j'en suis vraiment satisfait. Vous faites des efforts et c'est très bien. Pas comme certains...

Cette fois, Troy pensait à Daron qui lors de son premier cours était parti avant même qu'il ait commencé la théorie.

Lola regarda le professeur qui lui parlait de sa discrétion. Pour elle, ce n'était pas cela. Quand elle le voulait, Lola pouvait parler et parler encore. Ce n'était pas être discrète, elle était plus antisociale. Elle n’aimait pas que les gens s’approchent trop d'elle ou qu'ils essayent de la connaître. Seul son jumeau Anthony avait réussi à la comprendre et à la connaître. Mais ses parents ne savaient presque rien d'elle.

- Je ne suis pas discrète ! répondit-elle sur la défensive. Je ne parle pas vraiment c'est tout. Je ne suis pas sociable et je n'aime pas parler au gens. Les personnes avec qui j'ai réussi à parler de moi se sont retournées contre moi. Je peux être assez... comment dire... Il y a des moments où je ne peux pas vraiment passer inaperçue. Mais pourquoi voulez-vous dire que je suis discrète monsieur ? Parce que je ne participe pas assez en classe ou parce que j'aime plus travailler par moi-même ? Je suis une fille solitaire et cela me convient très bien. Les gens de mon âge pensent seulement à s'amuser ou encore à faire des bêtises. La plupart ne remettent pas leurs devoirs ou demandent aux personnes qui ont buché pour le faire. Voila pourquoi je suis plus discrète. Les gens me trouvent bizarre parce que j'aime plus passer ma journée à lire -Lola lui montra son livre- qu'à m'amuser !

La jeune fille venait de se rendre compte qu'elle avait parlé d'un ton qui n'était pas celui qu'elle utilisait habituellement. Elle prit une petite pause et regarda le professeur.

- Désolée professeur, je me suis un peu emportée... ajouta-t-elle honteuse.

Lola avait repris sa petite voix. Elle regarda autour d'elle pour voir s’il y avait des personnes qui avaient entendu ses paroles mais ils étaient seuls.

Troy la regardait, l'air étonné. Il attendit qu'elle finisse de parler pour dire :

- Ne vous excusez pas, c'est normal. Je ne voulais pas vous offenser.

Il sourit pour la rassurer et ajouta :

- Je voulais simplement vous dire que vous étiez une bonne élève. Bon... j'en ai peut-être dit un peu trop et je vous prie de me pardonner Miss Davidson mais sachez que ne pas s'approcher des autres n'est pas très bon non plus. Ah, Mr Steevens ! appela-t-il soudain en se levant. Excusez-moi, murmura-t-il à Lola.

Troy monta quelques marches pour aller à l'encontre d'un élève de troisième année qui venait de passer à côté d'eux.

- Vous direz à votre cher ami que s'il veut me voir pour son rattrapage il peut venir ce soir à 17h00, lui dit Troy.
- Ah c'est vrai. D'accord je lui dirai, répondit le dénommé Steevens.
- Merci.
- Bonne journée professeur...
- A vous aussi.

Troy redescendit les marches pour revenir auprès de Lola pendant que le jeune homme s'en allait. Le professeur soupira puis resta debout et s'appuya de nouveau contre la rambarde, du côté de Lola.

- Donc où j'en étais ? dit-il en regardant le sol. Ah oui -il releva la tête et regarda la jeune fille. Ce que je veux vous faire comprendre, c'est qu'un jour vous aurez besoin de l'aide de quelqu'un qui n'est pas forcément une personne que vous connaissez depuis longtemps. Vous ne pouvez pas rester comme ça indéfiniment Miss Davidson. Le fait d'être insociable et de ne pas vouloir parler aux gens n'est pas le bon moyen pour vous de bien vivre. Vous pouvez avoir bien plus si vous vous faites des amis.
Après vous me parlez des autres élèves qui vous trouvent bizarre parce que vous lisez un livre. Ils ont tort, c'est eux qui sont bizarres. Dans cette école, on ne peut pas avoir un bon niveau sans lire au moins quelques livres. Vous préférez lire que vous amuser ? Ce n'est pas leur problème ! Moi aussi j'étais comme vous quand j'étais élève. Et je me suis très vite rendu compte que sans au moins une personne sur qui compter on ne pouvait pas faire grand chose.

Troy marqua une pause puis conclut.

- Si je vous embête avec tout ça je m'en excuse mais je suis du genre à beaucoup m'inquiéter pour mes élèves, c'est pour ça.

Le professeur plongea dans un grand silence en pensant à Dante Tripp qui ne parlait pas depuis presque trois mois. Il se souciait aussi de Daina qui devait supporter Daron et l'empêcher de faire la misère à son frère. Enfin, il était préoccupé par Mylie Haruno qui n'avait pas assez de confiance en elle et ratait souvent ses sorts.

Lola s'était calmée et elle écouta attentivement le professeur. Elle était maintenant gênée car elle avait élevé la voix. Pendant qu’il parlait, elle fixait ses pieds. Elle comprenait ce que le professeur essayait de lui faire comprendre. Lola le prennait comme une leçon de morale. Elle était trop têtue pour donner raison même si c'était un professeur.

- Non professeur, vous ne m’embêtez pas c’est seulement...

La jeune fille ne savait pas comment le dire avec les bons termes. Elle se lança avec ses propres mots.

- J’ai de la difficulté à redonner ma confiance. Il y a des choses qui se sont produites car j’avais donné le secret à mon amie d’enfance. J’avais confiance, je lui avais tout révélé sur moi et ma famille. Je pensais... Je pensais...

Lola n’était plus capable de contenir sa tristesse. Elle laissa les larmes qu'elle voulait à tout prix cacher couler le long de ses joues et elle continua son histoire.

- Voila le problème. Je pensais qu’elle était de confiance et je pensais qu’elle ne le dirait pas. Le problème avec tout le monde, ils donnent leurs confiance à n’importe qui. Regardez-moi professeur ! J’ai dit à ma meilleure amie que mon père possédait des pouvoirs magiques et moi aussi. Deux ou trois jours après cela, on a dû changer de ville car tout cela s’était répandu. Mon frère, mes parents et moi avons dû refaire notre vie par mon erreur ! Jamais je ne me lui pardonnerai.

La jeune fille venait de remarquer que tout ce qu’elle avait dit au professeur était sûrement gênant pour lui de savoir tout cela. Elle se leva de l’escalier puis regarda le professeur avec les joues rouges de gêne.

- Désolée professeur, je ne voulais vous déranger avec cela. Excusez-moi.

Lola ne savait pas si elle devait rester ou partir. Elle trouvait la situation très gênante.

Troy soupira et dit :

- Les problèmes de mes élèves ne me dérangent en aucun point. Au contraire, je voudrais les aider le plus possible. Vous dites que c'est la confiance ? J'ai eu un ennui du même genre, je devais avoir quinze ans.

Il regarda Lola et continua. Il n'avait pas bougé de là où il était.

- J'ai cru aussi pouvoir faire confiance à un camarade de classe. Que voulez-vous, personne n'est parfait. Je lui ai révélé un secret que je ne pouvais plus garder au fond de moi, je ne supportais plus cela. Je peux vous le dire, ça ne me dérange pas : j'avais menti à tout le monde en disant que mes parents étaient les meilleurs, qu'ils étaient riches -enfin, vous voyez le genre- alors qu'ils m'ont abandonné à ma naissance.

Troy croisa les bras.

- Je suis allé voir mon camarade le lendemain et il ne m'a même pas regardé. Quand je dis ça c'est qu'il m'a ignoré à un tel point que ça m'a bouleversé et j'en ai fait une crise d'asthme. J'étais asthmatique quand j'étais plus jeune mais ça s'est calmé avec le temps. Bref, à partir de ce moment là, tout le monde m'a pris pour un type fêlé. Peut-être que je le suis, je ne sais pas. Mais j'ai compris une chose.

Il s'approcha de Lola et posa une main sur son épaule.

- Si vous voulez faire confiance à quelqu'un, voyez d'abord s'il peut faire quelque chose de bon pour vous. Bien sûr, l'autre attendra la même chose de vous. Commencez par de petites choses et améliorez au fur et à mesure. J'ai réussi -ça fait longtemps que je ne le vois plus maintenant- mais je suis sûr que vous y arriverez aussi.

Lola écouta attentivement le professeur, comme lui l'avait écouté. Elle comprenait ce qu'il voulait dire. Elle aurait voulu faire ou dire quelque chose mais elle en était incapable. Quand le professeur mit sa main sur son épaule, elle ne fit rien. Habituellement, Lola aurait reculé.
Cette jeune fille n'aimait pas beaucoup qu'on la touche. Elle trouva que sa phrase était suffisante. Elle ne trouvait rien à rajouter. Lola ne bougea pas, telle une statue et après une minute de silence, elle dit :

- Et si nous changions de sujet ? Pourquoi avez-vous choisi la Défense Contre les Forces du Mal ?

Troy ne fut pas surpris par le détournement de conversation. Lui non plus n'aimait pas beaucoup s'attarder sur un sujet peu plaisant.

- Eh bien... dit-il en réfléchissant. A vrai dire, ce n'est pas le premier métier qui m'est venu à l'esprit. Au début, je voulais être Auror mais être professeur me plaisait aussi. J'aime le contact avec les jeunes et Auror ne me permet pas beaucoup d'en avoir. J'ai donc eu mon diplôme de professeur il y a peu de temps étant donné que c'est la première fois que j'enseigne cette année.

Il sourit et dit :

- Et vous, avez-vous une petite idée de ce que vous voulez faire quand vous aurez fini vos étude ?

Auror était un emploi très bien mais très difficile. Lola n'avait aucune idée de ce qu'elle voulait faire plus tard. Elle était contente de ne plus être gênée devant le professeur.

- Et bien, j'ignore ce que je voudrais faire, répondit-elle. Mais mon père voudrait que je prenne la relève de son magasin. Il se le transmettent de père en fils. Mais même si j'ai un frère, mon père ne veut pas lui remettre. Mon jumeau est un cracmol, il n'a pas de pouvoirs magiques. Il étudie au Jordan Collège, une école de moldus.

- Je vois... dit Troy en se décalant un peu pour laisser passer deux élèves de Serdaigle qui discutaient gaiement. Et vous voudriez vraiment remplacer votre père dans son travail ou vous préférez faire autre chose ? Parce que j'ai une suggestion. Cela dépend de votre père, s'il pourrait accepter ou non, et de vous, si vous voulez prendre la relève : gérez le magasin avec votre frère.

- Mais j'ai toujours su que mon frère aurait voulu hériter du magasin. Mon frère est quelqu'un de très intelligent et je pense qu'il ne doit pas travailler dans un petit magasin qui est passé de père en fils. Je voudrais que me frère ait un meilleur avenir. Controler le magasin, cela ne me dérange pas trop mais pas pour toujours. Peut-être au début de ma vie d'adulte mais après cela, je ne sais pas.

Lola soupira.

- Après tout, on ne peut pas vraiment savoir ce qui nous attend.

- Vous avez raison, dit Troy dans un sourire. Si votre frère ne sait pas se servir de la magie, il peut très bien avoir un bon métier chez les moldus puisque vous me dites qu'il est très intelligent. Maintenant, il faut aussi qu'il le veuille.

Le professeur l'observa. Lola était aussi une jeune fille qui pouvait réussir et il espérait qu'elle allait faire le bon choix pour plus tard.

- Je ne sais pas très bien quoi vous proposer... dit-il à court d'idée. Comme vous ne voulez pas gérer le magasin toute votre vie, il ne reste que votre frère. Il pourrait faire ça et travailler ailleurs en même temps, tout comme vous. Mais cela demande beaucoup d'organisation à vrai dire.

Troy salua un collègue qui descendait les escaliers puis reporta son attention sur Lola.

- Pourquoi votre frère ne viendrait pas travailler ici ? Comme par exemple... A la bibliothèque ? Pas besoin d'avoir une baguette pour ça. Enfin... je dis un peu n'importe quoi, je préfère que vous voyiez par vous-même ce que vous ferez de votre avenir.

Lola rit de la dernière phrase du professeur.

- Est-ce que vous avez des frères ou des soeurs ? demanda-t-elle ensuite.

Troy sourit et répondit :

- Je suis fils unique. Enfin... que je sache. Je vous ai dit que mes parents m'avaient abandonné à ma naissance -pas joyeux comme histoire- mais peut-être qu'ils ont eu d'autres enfants depuis, je n'en sais rien du tout.

Il haussa les épaules, l'air de dire "on ne peut rien y faire".

- Mais si vous voulez parler à quelqu'un qui a des frères, Daina Tripp en a deux. Elle a quelques difficultés avec eux d'ailleurs et ça m'inquiète beaucoup. Malgré cela, cette jeune fille est d'une gentillesse remarquable, il faudrait que vous la rencontriez.

Avoir une relation étroite ses élèves était assez rare pour un professeur.

- Vous êtes proche de vos élèves n'est-ce pas Monsieur ?

- Disons que j'aime aider les jeunes en difficulté, que ce soit dans le cadre scolaire ou privé.

Troy bailla et mit une main devant sa bouche en guise d'excuse. Il ne dormait pas beaucoup la nuit, c'était tout le temps comme ça. Il regarda ensuite sa montre et dit :

- Je vais devoir vous laisser, je dois aller voir quelques collègues.

Il sourit et ajouta :

- En tout cas, j'ai été ravis de discuter avec vous Miss Davidson.

Quand le professeur lui dit qu'il devait partir, Lola regarda sa montre. Il était quinze heures trente. Elle sourit et répondit :

- Moi aussi professeur. On se revoit en classe.

La jeune fille et le professeur se quittèrent et Lola se dirigea vers la bibliothèque pour redonner son livre.